Pourquoi doit on arrêter de parler de la consommation électrique des ménages
Exprimer une production d’énergie électrique en nombre de ménage équivalent est courant, mais une très mauvaise idée.
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Francesco Contino
Exprimer une production d’énergie électrique en nombre de ménage équivalent est courant, mais une très mauvaise idée.
Sans doute parce que cela évite de devoir manipuler des unités compliquées (le fameux wattheure) ou des ordres de grandeur inaccessibles (l’impressionnant térawattheure), l’énergie électrique est souvent exprimée à l’aide des ménages. Cette pratique de conversion d’unité est souvent très utile. On parlera plus facilement de volumes en équivalent baignoire, de surface en terrain de foot ou de masse en éléphant. Mais la consommation moyenne d’un ménage peut être l’arbre qui cache la forêt.
En Belgique, en moyenne annuelle, un ménage consomme 3.5 MWh. Quand la ministre de l’énergie convertit la puissance éolienne prévue en 2050 (lien vers Tweet) en équivalent ménage, c’est bien ces 3.5 MWh qui sont utilisés (ainsi qu’un facteur de charge d’une éolienne pour savoir ce qu’elle produira par an: pour offshore environ 3.5 MWh / kW installé). Mais il y a trois problèmes:
- Un ménage n’a pas une définition très précise;
- La consommation électrique n’est qu’une fraction (20%) de la consommation d’énergie totale (tous les vecteurs d’énergie);
- La consommation d’électricité va plus que probablement doubler dans le futur.
Si un ménage consomme 3.5 MWh par an, il suffirait de multiplier par le nombre de ménage pour avoir la consommation du pays. La Belgique compte environ 5 millions de ménages et 3.5 MWh multiplié par 5 millions égale 17.5 TWh (l’arbre) mais la consommation finale d’électricité est d’environ 80 TWh en Belgique et la consommation totale (tous les vecteurs) est de 400 TWh (la forêt). En parlant de la consommation électrique des ménages, on parle de 4% de notre consommation totale. Toute annonce qui parle en terme de nombre de ménages, est en fait un effet de manche où la forêt disparaît. On a tendance à l’oublier mais l’industrie, le chauffage, le transport, le tertiaire sont tous des secteurs qui utilisent de l’énergie principalement fossile et pour lesquels il faudra aussi trouver une solution. Au lieu de parler en terme de ménage, il est préférable de parler en terme de pourcentage de la consommation finale. Cela donnera une meilleure idée de ce qu’il reste à accomplir et poussera peut-être vers plus de sobriété.
Bonus. Voici une liste d’unités métaphoriques.
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