
La beauté infiniment précieuse et fragile de l'amour. Rétablir la connexion divine.
Ecrit par François Garagnon
La beauté infiniment précieuse et fragile de l’amour
Livre 6. Du désir d’aimer à la grâce de se sentir aimé : quel passage secret ?
Paragraphe 3. Rétablir la connexion divine
Ecrit par François Garagnon
279. Nous avons tendance à séparer le monde matériel et spirituel. Pourtant, et parfois contre toute attente, il réside dans l'un une puissante métaphore de l'autre. Le monde visible est en étroite connexion avec le monde invisible. L'homme moderne, maître des techniques et des sciences, est tenté de remettre en cause tout ce qui échappe à son entendement, à sa logique déductive, à son souci de rationalisme. Il ne croit qu'à ce qu'il voit ou ce qu'il peut prouver. Là est la tragique limite de sa condition. Il ignore que celui qui croît véritablement et celui qui croit authentiquement. En effet, croire, c'est croître. La foi est source de croissance. Ne pas croire, c'est vivre dans une dimension horizontale, en butant sur des horizons limités, en réfutant le lien avec le ciel, verticalité de notre condition.
Puisque la technologie envahit notre monde et nous donne accès à des fonctions parfois prodigieuses, j'aimerais m'attarder sur ce fabuleux moyen d'orientation qu'est le GPS. Attardons-nous à son fonctionnement, d'une étonnante précision et d'une fiabilité à toute épreuve.
Le GPS est un appareil qui envahit nos véhicules et qui est connecté à des satellites. Voilà bien un constat intéressant : il faut passer par le ciel pour trouver son chemin sur terre… L'allusion spirituelle est évidente : oui, il nous faut passer par le Ciel pour trouver son chemin sur terre, être sûr de prendre la bonne direction et arriver sans souci à destination ! Vous me direz que la comparaison s'arrête là, et que la technique reprend le dessus car pour que la machine fonctionne, il faut entretenir la liaison, il faut un émetteur et un récepteur qui permette l'interconnexion.
Nous émettons une demande de destination, et nous recevons immédiatement la cartographie correspondante et l'itinéraire détaillé pour parvenir à notre but. Nous sommes même accompagnés pas à pas, en temps réel ! Avons-nous imaginé que notre relation à Dieu peut être établie sur le même principe : par un lien invisible entre la terre et le ciel, dans une interconnexion permanente entre nous et Dieu ? Soudain, les paroles de Saint Matthieu résonnent autrement : « Demandez et vous recevrez »…
D'où vient que pour s'orienter et trouver la bonne destination, l'homme moderne fasse davantage confiance à son GPS qu’à Dieu ? Même si l'itinéraire que transmet notre GPS contrarie nos intuitions ou nos habitudes balisées, nous le suivons pour ainsi dire aveuglément. Nous laissons abdiquer notre logique, notre intelligence. Nous nous en remettons à lui. Et si nous nous en remettions à Dieu dans un même élan, dans une adhésion aussi franche, avec une docilité aussi pleinement consentie ? Car Dieu va bien au-delà des itinéraires qui nous permettent de relier un point à un autre : il nous donne des instructions intérieures pour conduire notre vie dans tous les domaines qui nous importent. Pour peu, évidemment, que nous n'oubliions pas de nous connecter à lui.
280. Rétablir la connexion divine consiste à se tenir dans une humilité radieuse, à faire fi de nos présomptions modernes, de nos sécurités, de nos prévisions et de nos maîtrises. De l'illusion que nous avons d'être responsables de ce qui nous arrive et d'avoir durablement prise sur les choses. Peut-être notre dignité ne consiste-t-elle pas à prétendre traverser la vie en homme ou en femme responsable, mais à se laisser traverser par la vie en enfant de lumière. En 1959 déjà, Eloi Leclerc (disciple moderne de François d'Assise) rapportait que le mot le plus terrible qui ait été prononcé contre notre temps est peut-être celui-ci : « Nous avons perdu la naïveté ». Il ajoutait : « L'homme, enorgueilli de sa science et de ses techniques, a perdu quelque chose de sa candeur ».
Peut-être, en effet, toutes nos désillusions et toutes nos déconvenues ont-elles leur origine dans cette prolifération orgueilleuse de notre être qui finit par nous étouffer : nous voulons trop savoir, dominer, posséder, maîtriser, programmer, prévoir. Et assurément, nous tirons orgueil de ce volontarisme, supposé signer personnalité, courage, détermination et ambition. Nous avons trop tendance à considérer que les choses dépendent exclusivement de nous-mêmes ; il nous est difficile de renoncer à nos prérogatives et de recourir au bienheureux abandon à des forces qui nous dépassent et qui, dans maintes occasions, peuvent s'avérer plus ‘agissantes’ que la mobilisation de toute notre énergie, de nos capacités et de notre talent.
Tous ces mouvements, qui ambitionnent d'avoir une prise directe sur la réalité, traduisent le refus d'une docilité tranquille, celle de l'enfant qui se sait aimer et qui, quoi qu'il arrive, ne cessera jamais d'avoir une joyeuse et profonde confiance en la vie. Ce qui ne l'empêche pas de chercher à relever toutes sortes de défis.
Le lâcher-prise a beau être une injonction à la mode, nous avons beaucoup de mal à accepter que bien des pans de notre vie puissent échapper à notre mainmise et à notre contrôle. Du reste, le lâcher-prise n'est souvent qu'une technique de libération mentale pour restaurer un équilibre malmené. Or, notre équilibre tient dans un subtil équilibre entre tenir bon et lâcher-prise. L'enfant accepte de se laisser vivre, c'est-à-dire de laisser vivre en lui ses élans les plus irrésistibles : se sentant incertain dans la maîtrise de sa destinée, il se laisse guider par des appels intérieurs, il accepte l'intrusion de la Providence aussi naturellement qu'une chambre se laisse inonder par le soleil. Cette lumière, plus tard, deviendra en lui énergie invincible et bouclier, et lui donnera cette vigueur d'âme qui manque précisément à ceux qui comptent trop sur leurs propres forces pour aborder les grands défis et les grandes épreuves de la vie.
Dans l'ordre des sentiments et des mouvements de l'âme, cette bienheureuse naïveté permet d'atteindre à l'incandescence, au courage d'être soi, et d'esquiver les erreurs et les errances bien plus sûrement que n'y parviendrait un stratège ou un expert dans l'art de gouverner son existence !
La beauté infiniment précieuse et fragile de l’amour
Livre 6. Du désir d’aimer à la grâce de se sentir aimé : quel passage secret ?
Paragraphe 3. Rétablir la connexion divine
Ecrit par François Garagnon
279. Nous avons tendance à séparer le monde matériel et spirituel. Pourtant, et parfois contre toute attente, il réside dans l'un une puissante métaphore de l'autre. Le monde visible est en étroite connexion avec le monde invisible. L'homme moderne, maître des techniques et des sciences, est tenté de remettre en cause tout ce qui échappe à son entendement, à sa logique déductive, à son souci de rationalisme. Il ne croit qu'à ce qu'il voit ou ce qu'il peut prouver. Là est la tragique limite de sa condition. Il ignore que celui qui croît véritablement et celui qui croit authentiquement. En effet, croire, c'est croître. La foi est source de croissance. Ne pas croire, c'est vivre dans une dimension horizontale, en butant sur des horizons limités, en réfutant le lien avec le ciel, verticalité de notre condition.
Puisque la technologie envahit notre monde et nous donne accès à des fonctions parfois prodigieuses, j'aimerais m'attarder sur ce fabuleux moyen d'orientation qu'est le GPS. Attardons-nous à son fonctionnement, d'une étonnante précision et d'une fiabilité à toute épreuve.
Le GPS est un appareil qui envahit nos véhicules et qui est connecté à des satellites. Voilà bien un constat intéressant : il faut passer par le ciel pour trouver son chemin sur terre… L'allusion spirituelle est évidente : oui, il nous faut passer par le Ciel pour trouver son chemin sur terre, être sûr de prendre la bonne direction et arriver sans souci à destination ! Vous me direz que la comparaison s'arrête là, et que la technique reprend le dessus car pour que la machine fonctionne, il faut entretenir la liaison, il faut un émetteur et un récepteur qui permette l'interconnexion.
Nous émettons une demande de destination, et nous recevons immédiatement la cartographie correspondante et l'itinéraire détaillé pour parvenir à notre but. Nous sommes même accompagnés pas à pas, en temps réel ! Avons-nous imaginé que notre relation à Dieu peut être établie sur le même principe : par un lien invisible entre la terre et le ciel, dans une interconnexion permanente entre nous et Dieu ? Soudain, les paroles de Saint Matthieu résonnent autrement : « Demandez et vous recevrez »…
D'où vient que pour s'orienter et trouver la bonne destination, l'homme moderne fasse davantage confiance à son GPS qu’à Dieu ? Même si l'itinéraire que transmet notre GPS contrarie nos intuitions ou nos habitudes balisées, nous le suivons pour ainsi dire aveuglément. Nous laissons abdiquer notre logique, notre intelligence. Nous nous en remettons à lui. Et si nous nous en remettions à Dieu dans un même élan, dans une adhésion aussi franche, avec une docilité aussi pleinement consentie ? Car Dieu va bien au-delà des itinéraires qui nous permettent de relier un point à un autre : il nous donne des instructions intérieures pour conduire notre vie dans tous les domaines qui nous importent. Pour peu, évidemment, que nous n'oubliions pas de nous connecter à lui.
280. Rétablir la connexion divine consiste à se tenir dans une humilité radieuse, à faire fi de nos présomptions modernes, de nos sécurités, de nos prévisions et de nos maîtrises. De l'illusion que nous avons d'être responsables de ce qui nous arrive et d'avoir durablement prise sur les choses. Peut-être notre dignité ne consiste-t-elle pas à prétendre traverser la vie en homme ou en femme responsable, mais à se laisser traverser par la vie en enfant de lumière. En 1959 déjà, Eloi Leclerc (disciple moderne de François d'Assise) rapportait que le mot le plus terrible qui ait été prononcé contre notre temps est peut-être celui-ci : « Nous avons perdu la naïveté ». Il ajoutait : « L'homme, enorgueilli de sa science et de ses techniques, a perdu quelque chose de sa candeur ».
Peut-être, en effet, toutes nos désillusions et toutes nos déconvenues ont-elles leur origine dans cette prolifération orgueilleuse de notre être qui finit par nous étouffer : nous voulons trop savoir, dominer, posséder, maîtriser, programmer, prévoir. Et assurément, nous tirons orgueil de ce volontarisme, supposé signer personnalité, courage, détermination et ambition. Nous avons trop tendance à considérer que les choses dépendent exclusivement de nous-mêmes ; il nous est difficile de renoncer à nos prérogatives et de recourir au bienheureux abandon à des forces qui nous dépassent et qui, dans maintes occasions, peuvent s'avérer plus ‘agissantes’ que la mobilisation de toute notre énergie, de nos capacités et de notre talent.
Tous ces mouvements, qui ambitionnent d'avoir une prise directe sur la réalité, traduisent le refus d'une docilité tranquille, celle de l'enfant qui se sait aimer et qui, quoi qu'il arrive, ne cessera jamais d'avoir une joyeuse et profonde confiance en la vie. Ce qui ne l'empêche pas de chercher à relever toutes sortes de défis.
Le lâcher-prise a beau être une injonction à la mode, nous avons beaucoup de mal à accepter que bien des pans de notre vie puissent échapper à notre mainmise et à notre contrôle. Du reste, le lâcher-prise n'est souvent qu'une technique de libération mentale pour restaurer un équilibre malmené. Or, notre équilibre tient dans un subtil équilibre entre tenir bon et lâcher-prise. L'enfant accepte de se laisser vivre, c'est-à-dire de laisser vivre en lui ses élans les plus irrésistibles : se sentant incertain dans la maîtrise de sa destinée, il se laisse guider par des appels intérieurs, il accepte l'intrusion de la Providence aussi naturellement qu'une chambre se laisse inonder par le soleil. Cette lumière, plus tard, deviendra en lui énergie invincible et bouclier, et lui donnera cette vigueur d'âme qui manque précisément à ceux qui comptent trop sur leurs propres forces pour aborder les grands défis et les grandes épreuves de la vie.
Dans l'ordre des sentiments et des mouvements de l'âme, cette bienheureuse naïveté permet d'atteindre à l'incandescence, au courage d'être soi, et d'esquiver les erreurs et les errances bien plus sûrement que n'y parviendrait un stratège ou un expert dans l'art de gouverner son existence !
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