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Le monde à l'envers

Comment sommes-nous sûrs de ce qui est en haut et ce qui est en bas ?

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4 min / Published

Comment sommes-nous sûrs de ce qui est en haut et ce qui est en bas ?
Et si notre orientation dans l'espace n'était qu'une convention que notre cerveau a choisie ?
Découvrez le syndrome d'inversion spatiale, et comment notre cerveau construit notre perception de l'orientation.


Les Chroniques du Bulbe vous invitent à un voyage vertigineux dans les mystères de la conscience. Entre micro-fiction et explications scientifiques accessibles, découvrez comment notre cerveau crée notre expérience du monde.


Ecriture, réalisation et voix : Sonia Cruchon · Musique : de contact / BIRGÉ - HOANG - SEGAL · Illustration : Veronica Holguin Lew - Miloeil

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Le monde à l'envers · Transcription

Et si notre réalité n'était qu'une histoire que notre cerveau nous raconte ? Les chroniques du bulbe

À l'observatoire astronomique, celui perché sur la colline, j'aime ces nuits passées à scruter le ciel au-dessus de nos têtes.

Le grand télescope pointe vers les étoiles, et le dôme s'ouvre sur l'infini comme une paupière mécanique.

Mais ce soir, tout est différent. La migraine me prend en début de service, si violente que les étoiles semblent pulser. Je m'allonge puis m'endors, et lorsque j'ouvre les yeux, je ne comprends rien à ce que je vois. Mon monde s'est retourné comme une crêpe : ce qui était en haut est en bas, et ce qui était en bas est en haut.

Stupéfaite, je frotte mes yeux, me pince, me secoue, mais rien n'y fait. Le lustre semble pousser du plancher comme une étrange plante de cristal, l'horloge murale est renversée, le télescope plonge maintenant dans un ciel sous mes pieds.

"Tu fais une drôle de tête, ça va ?" me demande Nicolas en entrant dans la pièce, la tête en bas. Il me propose un café, et je regarde, fascinée, le liquide monter dans la tasse, défiant toute logique. Je fais comme si de rien n'était, mais dans ma tête, tout vacille. C'est comme si j'étais passée de l'autre côté du miroir de l'univers.

Les médecins disent que c'est temporaire, que tout redeviendra normal. Mais parfois, le soir, quand je baisse les yeux vers les étoiles, je me demande si ce n'est pas nous qui avions tout inversé depuis le début. Après tout, dans l'immensité de l'espace, qui peut vraiment dire où est le haut, où est le bas ?

***

Ce que je viens de vous raconter n'est pas une histoire de science-fiction. C'est un syndrome neurologique déconcertant: l'inversion spatiale. Du jour au lendemain, le cerveau peut retourner littéralement notre perception du monde à 180 degrés.

Rassurez-vous ce syndrome est extrêmement rare, et il ne dure que quelques instants, au pire quelques heures. Mais il nous intéresse car il nous donne un aperçu de la complexité des mécanismes qui construisent notre vision consciente.

La vue commence lorsque la lumière reflétée par un objet entre dans l'œil, qui fonctionne comme l’appareil photo. Mais l’image qui se forme sur la rétine est inversée.

Alors comment fait-on pour voir notre monde à l’endroit ?

Notre oreille interne détecte les mouvements et l'orientation de notre tête, pendant que nos muscles nous renseignent sur notre position. C’est en combinant toutes ces informations que notre cerveau peut remettre les images dans le bon sens. Ce travail complexe est si parfait que nous n'en avons jamais conscience.

En 1896, le psychologue George Stratton a fait une découverte remarquable sur cette capacité du cerveau à orienter notre vision. En portant pendant plusieurs jours des lunettes qui inversaient sa vision, il a observé que son cerveau finissait par s'adapter : le monde lui apparaissait à nouveau normal ! Puis, quand il retirait les lunettes, il vivait pendant quelques heures dans un monde inversé. Cette expérience pionnière a contribué à notre compréhension de la plasticité de notre perception visuelle.

Ce que nous prenons pour une perception directe du monde est en réalité un travail d'interprétation constant. Notre cerveau ne cesse de construire et reconstruire notre expérience visuelle, un processus si fluide que nous n'en prenons conscience que lorsqu'il se dérègle.

« Je ne crois que ce que je vois", disait Saint Thomas. Mais que voyons-nous vraiment ? Le syndrome d'inversion spatiale nous rappelle que même nos certitudes visuelles les plus fondamentales - le haut, le bas - sont des constructions de notre cerveau. Peut-être devrions-nous dire : "Je ne vois que ce que mon cerveau me fait croire" ?

Allez, à la prochaine. Et d’ici là, prenez soin de votre bulbe !

 

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This episode is part of the SYNDROMES series
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