
Perdre le contact avec la sacralité de la personne
Extrait de - Faire de nos boiteries une danse - écrit par Reza Moghaddassi
Quel est donc pour toi le mal à combattre ? Dans certaines traditions, cela reste au niveau d'une dualité où on oppose le bien au mal…
Je ne prétendrai pas résoudre ici un mystère devant lequel la philosophie ou la théologie se casse pas mal les dents. Je me contenterai de poser une petite pierre de fondation à cette discussion.
Dans l'histoire de l'humanité, c'est toujours au nom du bien - ou presque - qu'on a fait le mal. L'enfer est pavé de bonnes intentions et nous pouvons nous méfier des gens qui, au nom de ce qu'ils appellent le bien, prétendent faire le bien. Alors, qu'est-ce qui permet d'éviter de tomber dans le piège de cet enfer des gens qui veulent le bien ?
Autrement dit, qu'est-ce que le mal fondamentalement à l'échelle humaine ? Il consiste à considérer que la personne en face de nous est moins importante qu'un absolu transcendant qu'on revendique, qu'un principe abstrait qu'on invoque, moins importante que la vérité, que la justice, que l'égalité, que la liberté, que Dieu. Le mal, c'est d'abord confondre la personne et ses actes, c'est perdre le contact avec la sacralité de la personne, c'est préférer nos idées à la personne en face de nous. C'est faire la différence entre l'absolu que nous prétendons servir et la personne qui est en face de nous.
Dans la tradition islamique, il y a ce passage étonnant dans le Coran, dans lequel Dieu vient de créer l'être humain et demande à tous les anges de se prosterner devant l'Homme.
Tous les anges se prosternent alors, sauf un, qu'on appellera le diable, Iblis ou Sheytane. Pourquoi ? Non pas par désir de rébellion, d'indépendance ou de pouvoir, mais par désir justement de ne se prosterner que devant Dieu. Satan est celui qui, au nom de l'Absolu refuse d'honorer la sacralité de l'homme. C'est un passage à faire lire à tous les fanatiques religieux, mais d'abord à tous les petits « diviseurs » (étymologiquement le mot diable signifie celui qui sépare ou divise) que nous sommes à chaque fois que nous détournons notre cœur de celui qui n'épouse pas la même idée que nous ou qui se trompe, à chaque fois que nous réduisons à être à ce qu'il fait, à ce qu’il a, à ce qu'il réussit ou à ce qu'il échoue, bref à chaque fois que nous ne sentons pas la présence de Dieu derrière le visage de l'autre. Lorsque ses disciples demandaient à saint Séraphin de Sarov, quels sont ceux qui sont le plus dans la vérité, il répondait : « ceux qui aiment le plus leurs ennemis ».
La racine du bien consiste d'abord à ne pas séparer totalement une valeur, un principe, un idéal ou un Dieu qu'on invoque et la personne qui est en face de nous. Lorsque j'évoque la nécessité de respecter la sacralité de la personne, cela ne veut pas dire laisser les malfaisants faire le mal. Impossible parfois d'empêcher quelqu'un de faire du mal aux autres sans faire un usage de la force, mais il est possible de faire preuve de mesure dans l'usage de cette force en essayant de préserver autant que possible l'intégrité de la personne.
Il y a souvent une confusion entre la non-violence et l'absence d'usage de la force.
Quel est donc pour toi le mal à combattre ? Dans certaines traditions, cela reste au niveau d'une dualité où on oppose le bien au mal…
Je ne prétendrai pas résoudre ici un mystère devant lequel la philosophie ou la théologie se casse pas mal les dents. Je me contenterai de poser une petite pierre de fondation à cette discussion.
Dans l'histoire de l'humanité, c'est toujours au nom du bien - ou presque - qu'on a fait le mal. L'enfer est pavé de bonnes intentions et nous pouvons nous méfier des gens qui, au nom de ce qu'ils appellent le bien, prétendent faire le bien. Alors, qu'est-ce qui permet d'éviter de tomber dans le piège de cet enfer des gens qui veulent le bien ?
Autrement dit, qu'est-ce que le mal fondamentalement à l'échelle humaine ? Il consiste à considérer que la personne en face de nous est moins importante qu'un absolu transcendant qu'on revendique, qu'un principe abstrait qu'on invoque, moins importante que la vérité, que la justice, que l'égalité, que la liberté, que Dieu. Le mal, c'est d'abord confondre la personne et ses actes, c'est perdre le contact avec la sacralité de la personne, c'est préférer nos idées à la personne en face de nous. C'est faire la différence entre l'absolu que nous prétendons servir et la personne qui est en face de nous.
Dans la tradition islamique, il y a ce passage étonnant dans le Coran, dans lequel Dieu vient de créer l'être humain et demande à tous les anges de se prosterner devant l'Homme.
Tous les anges se prosternent alors, sauf un, qu'on appellera le diable, Iblis ou Sheytane. Pourquoi ? Non pas par désir de rébellion, d'indépendance ou de pouvoir, mais par désir justement de ne se prosterner que devant Dieu. Satan est celui qui, au nom de l'Absolu refuse d'honorer la sacralité de l'homme. C'est un passage à faire lire à tous les fanatiques religieux, mais d'abord à tous les petits « diviseurs » (étymologiquement le mot diable signifie celui qui sépare ou divise) que nous sommes à chaque fois que nous détournons notre cœur de celui qui n'épouse pas la même idée que nous ou qui se trompe, à chaque fois que nous réduisons à être à ce qu'il fait, à ce qu’il a, à ce qu'il réussit ou à ce qu'il échoue, bref à chaque fois que nous ne sentons pas la présence de Dieu derrière le visage de l'autre. Lorsque ses disciples demandaient à saint Séraphin de Sarov, quels sont ceux qui sont le plus dans la vérité, il répondait : « ceux qui aiment le plus leurs ennemis ».
La racine du bien consiste d'abord à ne pas séparer totalement une valeur, un principe, un idéal ou un Dieu qu'on invoque et la personne qui est en face de nous. Lorsque j'évoque la nécessité de respecter la sacralité de la personne, cela ne veut pas dire laisser les malfaisants faire le mal. Impossible parfois d'empêcher quelqu'un de faire du mal aux autres sans faire un usage de la force, mais il est possible de faire preuve de mesure dans l'usage de cette force en essayant de préserver autant que possible l'intégrité de la personne.
Il y a souvent une confusion entre la non-violence et l'absence d'usage de la force.
- extrait
- humanité
- intention
- unité
- division
- non-violence


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