
Ping Pong #19, dans mon jardin
Interview / digression en compagnie de Sylvain Van De Voorde, dans son jardin.
Cette semaine, je vous invite dans mon jardin .
Enfin, pas dans le mien, dans le leur. Leur Jardin, c’est celui de Sylvain et Martine , couple Avionnais , qui a démarré en 2022 , un projet singulier , du moins dans le bassin minier : proposer un bar dans leur jardin .
Cette semaine, je vous invite dans mon jardin .
Enfin, pas dans le mien, dans le leur. Leur Jardin, c’est celui de Sylvain et Martine , couple Avionnais , qui a démarré en 2022 , un projet singulier , du moins dans le bassin minier : proposer un bar dans leur jardin .
Après plusieurs incartades dans le bassin minier d’où je suis originaire, le retour à Avion , sur la terre de ma famille, de mes amis, mais aussi de mon ancien lieu de travail , est forcément un moment encore plus chargé émotionnellement que les balades préalables à Lens , Oignies ou Grenay .
Le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à ma ville natale, c’est la fuite . A l’image d’Edouard Louis dans pour en finir avec Eddy Bellegueule ou de Didier Eribon avec retour à Reims, mais avec le talent et l’intelligence en moins , la fuite a longtemps été pour moi un moyen de survie dans un paysage lui même dévasté par la fuite .
Fuite des commerçants, de l’industrie minière et textile , fuite des capitaux , des idéaux , fuite urinaire aussi , mais surtout fuite du temps bien sûr avec les amis les voisins et la famille qui ne sont plus .
Aussi , le retour à Avion n’était pas forcément synonyme de joie et de gaieté , le lendemain d’une LGBT pride arrageoise particulièrement affligeante (en dehors de l’heureuse rencontre avec Fanny Chiarello ) mais surtout le jour des élections européennes dont les résultats tout aussi affligeants me donnent envie de ne plus porter qu’un t shirt jusqu’à la fin de mes jours : J’aime pas les gens de MENDELSON .
Et pourtant , pourtant , pourtant … le déroulé de cet après midi dominical à Avion a été bien moins dramatique que je ne l’imaginais .
Déjà , il y avait le soleil , si rare en ce moment ,que sa seule présence , a servi à enluminer mes pensées les plus moroses .
Puis , il y avait la joie de revoir Sylvain avec qui j’ai partagé des soirées magiques à refaire le monde, même si celui -ci n’a pas tourné comme on l’aurait souhaité , et Martine avec qui j’ai passé pas mal d’après-midi à l’infirmerie du Lycée Pablo Picasso , prétextant des maux imaginaires pour fuir les cours de latin .
Enfin , il y avait ce jardin , à l’arrière d’une maison d’ingénieur dans le quartier de la Coulotte, à quelques hectomètres de la mine de la cité 7 , aux pieds du terril de Pinchonvalle , sur l’ancienne route qui menait de Lens à Arras .
Quand on stationne en face du 213 , Boulevard Henri Martel , de prime abord , on se demande si l’on est bien au bon endroit , tant la démarche parait insolite . Un bar dans un jardin d’ une maison des mines , qui s’y risquerait ? Encore une fois , il vous faudra briser vos stéréotypes .
Car , après avoir franchi l’enseigne et s’être laissé guider par le chemin à suivre, on traverse un tunnel de verdure qui , immédiatement , vous sépare de l’autre monde , celui du bruit, des tracas et de la fausse vie .
On arrive alors dans un vaste jardin où règne en maitre des lieux un magnifique saule pleureur , symbole d’immortalité et de renaissance (non , pas le parti politique , s’il vous plait !!! )
Des fauteuils de jardin , des tables , une sélection musicale cool et variée (entre classique rock , musique cubaine , brésilienne …) qui ravit les oiseaux et les clients sirotant une bière locale , jouant aux cartes, ou dégustant une crêpe , Sylvain derrière sa paillote sans paille , mais avec le même esprit de dépaysement, achèvent de faire en sorte qu’on se sente très vite happé par le lieu et que la vraie vie peut alors commencer .
Et où l’on repense à cette citation de Fernando Pessoa :
"Nous avons tous deux vies : la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ;la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l'utile, celle où l'on finit par nous mettre au cercueil."
Hé bien , si vous cherchiez après la vraie vie , ne cherchez plus, la vraie vie, elle est là : dans mon jardin , enfin pas dans le mien , dans le leur, qui , nous l’espérons, deviendra immanquablement le vôtre .
Nous avons écouté en intermède musical :
Sapho : chaise de jardin
Higelin : le parc Monstouris
Tones on tail : Real life


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