Pourquoi faut-il faire une lettre de motivation ?

Texte intégral de la retranscription de l'épisode 32 du podcast "Parlons Recrutement"

Marie-Cécile Drécourt : Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de "Parlons Recrutement" avec Valérie Legendre, gérante du cabinet Florian Mantione Institut à Avignon.

Il y a quelques temps, vous êtes intervenue lors d'un temps de partage organisé par France Travail pour échanger avec des cadres en recherche d'emploi. Vous avez noté leurs principales questions et nous en avons gardé 7, celles que l'on vous pose le plus souvent pour en faire plusieurs épisodes avec des astuces concrètes dédiées aux candidats.

Alors, première question, je pense que celle-là, on a dû vous la poser 100 fois :

Est-ce qu'il faut faire une lettre de motivation pour répondre à une offre ?

Valérie Legendre : Alors ce n'est pas 100 fois qu'on a dû me la poser, je ne sais pas, 350 ... [rires]

MCD : Et bien je vous la repose une fois de plus !

VL : La lettre de motivation, Oui !! Je pense qu'elle a plein de vertus et je continue de le dire parce qu'il y a toutes les chances qu'elle soit lue déjà. Et si elle n'était pas lue, ça vous aurait obligé à vous poser sur le projet. Et à mettre vos points forts dans la candidature que vous allez mener. Et pour moi, c'est clé. Et c'est l'exercice incontournable. Et quand on ne se le dit pas, on ne le fait pas. Et on est moins percutant, on prépare moins et au bout d'un moment, on ne sait plus tout à fait pourquoi on a postulé. Donc, on a vu deux mots clés, ça ne suffit pas. Et sur un certain nombre de profils, donc un profil cadre avec des responsabilités, j'attends quand même qu'il y ait cette prise de recul absolument.

MCD : Est-ce qu'il y a des points clés importants à mettre dedans ? Comment on fait pour faire une bonne lettre de motivation ?

VL : Il y a toujours, comme dans beaucoup de choses, du professionnalisme et du bon sens. Une bonne lettre de motivation, ceci dit, il y a quand même un principe qui me semble assez clé : c'est une page. Autant pour le CV, sur des parcours déjà confirmés, le deux pages ne me gêne pas. Dans la mesure où la première page accroche, est intéressante, structurée, que j'y trouve les éléments, j'irai chercher la deuxième. La lettre de motivation, quand on a 150 candidatures sur un poste, s'il y avait 150 lettres de motivation, alors malheureusement, ce n'est pas le cas mais quand on commence à avoir une certaine quantité de choses à lire, une page est largement suffisante.

Ne racontez pas votre vie, ne refaites pas votre CV et ne répétez pas, bien sûr, l'annonce telle que vous l'avez vue. Donc, je vais reprendre des choses qui sont classiques, que je pense que tout le monde connaît, mais que finalement, on oublie. C'est le fameux « Vous - Je - Nous ».

Vous parlez de la personne en face, de l'entreprise en face, donc, c'est souvent la partie d'accroche en disant « Pourquoi ça m'intéresse ? Qu'est-ce que je sais de vous ? Qu'est-ce que vous cherchez en ce moment ?" Mais c'est trois / quatre lignes. C'est juste qu'on ait bien compris que la lettre de motivation est personnalisée et qu'au moment où vous l'écrivez, vous êtes à fond dans l'entreprise que vous aimeriez rejoindre. La deuxième partie c'est : vous parlez de vous, vous-même, le « Je ». Et vous mettez en avant les qualités ou les expériences majeures qui répondent à l'attente du recruteur en face. Donc là aussi, ça peut être un petit paragraphe. Ne redites pas votre CV, juste les points qui sont clés pour vous et pour lesquels vous postulez.

MCD : Qu'il faut mettre en avant au final.

Valérie Legendre : Absolument. Et la dernière partie, le « Nous ». C'est vous candidat et l'entreprise potentiellement : qu'est-ce que cette collaboration peut apporter ? Donc, qu'est-ce que vous allez amener ? Sur quoi votre valeur ajoutée va avoir un impact sur l'équipe en face ? Qu'est-ce qui vous intéresse ? Quels sont les projets ou les idées que vous pouvez susciter ? Vous tomberez peut-être à côté. Vous n'êtes pas dans la société, vous n'avez pas tous les éléments. Mais que l'on sente qu'il y a eu réflexion, qu'il y a eu suggestion, qu'on est dans cette accroche-là, de façon brève, me semble de bon ton. Donc, ça doit venir à chaque fois : on est dans la synthèse, mais on est dans « Monsieur le recruteur » ou « Madame la recruteuse », je vous mets en avant les choses qui sont pertinentes chez moi pour répondre à ce poste, avec ce projet, à ce moment-là de ma vie. Et quand on a ce bon sens-là et qu'on se pose, alors ça prend un peu de temps. Ce n'est pas si facile, mais c'est tellement percutant.

Marie-Cécile Drécourt : Et puis, c'est très constructif, au final, parce qu'une fois qu'on est capable d'écrire cette lettre de motivation, on est vraiment conscient de ce pourquoi on postule et pourquoi on a envie de ce poste. Et ça peut servir pour l'entretien derrière.

Valérie Legendre : Absolument ! Où est notre différenciation ? Et là, c'est une préparation du pitch. Donc, c'est un pitch par écrit, mais qui aide le recruteur, encore une fois, à faire le lien et qui vous positionne, vous, en « J'ai pris le recul suffisant » et « Voilà ce que je vous propose ». On est dans cette fameuse offre de service et pas demandeur d'emploi. C'est des classiques, mais quand on est vraiment dans la bonne posture et qu'on a compris l'état d'esprit dans lequel il fallait le faire, c'est majeur. Et dès qu'il y a hésitation du recruteur, la lettre de motivation, pour moi, c'est celle qui m'aide à basculer dans « OK, je souhaite voir la personne ». J'ai tellement de questions que ça, ça finalise souvent mon envie d'un premier contact.

Marie-Cécile Drécourt : Je crois que là on a compris :

Faites des lettres de motivation.

Valérie Legendre : Et des vraies ! Pas de ChatGPT !

Marie-Cécile Drécourt :

Utilisez ChatGPT pour l'inspiration, peut-être.

Valérie Legendre : Absolument, mais après, il faut rentrer dedans avec vos mots.

Marie-Cécile Drécourt : Soyez authentique ça sert. C'est utile donc.

Dans le prochain épisode, on va parler CV. À très vite.

Valérie Legendre : A très vite, au revoir.